Quarantenaire et Marathonienne … et vice versa (16 mars 2014)

IMG_3915 « De toute façon, je n’aurai 40 ans qu’après avoir couru mon 1er Marathon ! » : cette grande affirmation bravache fut la mienne il y a environ 1 an, après avoir appris que je devrais passer le 28 juin 2013 (jour officiel de ma quarantaine) loin de chez moi,  à organiser un évènement tout aussi professionnel que peu passionnant. Jusque là, le Marathon était, dans mon esprit, emprunt d’une sorte d’aura sacrée,  réservé à une élite  un peu au-delà de l’humain. C’est à l’arrivée de l’EcoTrail de Paris 2013 que le doute s’est insinué : « et SI j’en étais CAPABLE ??? ».

Je venais de survivre à 31km : une dizaine de plus, et je flirterais avec la distance mythique – celle qui fascine, fait flipper et démange toute personne piquée par le virus de la course à pied – ce qui commençait à être sérieusement mon cas. Insidieusement, les magazines de running s’invitaient sur mes trajets de métro, et je dévorais les compte-rendus de courses en projetant mes émotions sur celles, immenses,  des « finishers ». Une nouvelle question s’est alors posée : « Et si je devais en faire un, ce serait lequel ? »  Exit New York (trop cher), Marrakech (trop tôt), Lisbonne (trop tard),  Londres (surbooké) – et bien sûr Paris, puisque je ne concevais pas cette aventure autrement qu’exotique, tel un pari un peu fou, hors de mes sentiers battus. Miami et Dubaï, ensoleillés et en phase avec mon timing, me tentaient bien. Jusqu’à cette évidence, presque trop simple et tellement logique : Barcelone. En achetant un appartement dans la capitale catalane j’en devenais résidente : il devenait donc normal que j’investisse la ville, et comment mieux lui rendre hommage qu’en lui offrant mes pas, ma souffrance, ma sueur et mon plaisir ? Le RDV du 16 mars 2014 était pris…

« Je peux le faire ?! »

Dossard, billet d’avion, entrainement : l’excitation, partagée avec mon « Marathon Mate », est montée rapidement – d’autant que les 5 mois qui nous séparaient encore de la date cible étaient suffisamment longs pour rendre la réalité du challenge et de la distance un peu irréelle. J’ai alors couru sous la pluie, dans la boue, dans le froid (heureusement très relatif) de ces mois d’hiver : les kms s’accumulaient, les courses s’enchainaient, et ma conviction se forgeait peu à peu que je pourrai tenir la distance. Mes escapades barcelonaises me permettaient aussi d’apprivoiser le parcours : à Poble Nou, en bas de notre appartement, le « km 33 » me narguait à chaque voyage. Le long de la mer, entre les palmiers, j’imaginais  ce que je  ressentirais le jour J à cet endroit, et je cherchais les leviers de motivation qui me permettraient de franchir le « mur », pour me porter vers l’arrivée. Plaza de España, je me représentais les derniers mètres, et je les franchissais mentalement, les bras en l’air et des larmes pleins les yeux.

Forte de cet entrainement aussi physique que mental, j’arrivais au taquet le 16 février pour le semi-marathon de Barcelone. Même l’annonce de mon compagnon d’aventure, qui avait dû renoncer à son dossard, n’avait pas entamé mon bel enthousiasme : après tout, c’était un challenge que je relevais avant tout pour moi-même ! Tracé plat et agréable, soleil et douce température : la « Mitja Barcelona » tenait sa promesse d’être une répétition en conditions idéales de son grand frère, un mois plus tard. Sans trop forcer, je parcourus les 21km à mon rythme de 10km/h, à l’écoute de ma course pour ancrer tous les ressentis positifs.

Comme on dit : « jusqu’ici, tout va bien ! ».

Le corps, cette machine bien huilée…

Mais c’est la semaine suivante que la machine que je croyais bien huilée de mon corps a commencé à présenter quelques défaillances. Alors que j’entamais ma sortie longue de 30km, une bonne grosse chute de tension m’a allongée à même le sol du Canal St Martin, avec des vertiges dignes de mes plus grosses cuites étudiantes. Quelques steaks tartares et comprimés d’oligo-éléments ont remis mes niveaux à flot, mais j’avais zappé une étape importante de mon entrainement. Le 2 mars, le semi-marathon de Paris m’a également confrontée à  un autre imprévu : après 15km de bonnes sensations, j’ai soudain littéralement marché sur des lames de rasoirs, les pieds en feu. Incapable de courir, j’ai fini dans la douleur, bien en deçà de mon temps habituel. J’ai compris quelques jours plus tard que j’avais fait une allergie au produit « tannant » que je venais d’acheter – mais cette contre-performance  à 2 semaines de la date cible avait ouvert une brèche dans ma confiance, que je m’employais à  colmater à grands renforts d’auto-hypnose. Mardi 11 mars : à 3 jours du départ pour Barcelone, je me réveille, me lève…et me recouche,  tremblante. Le pic de l’épidémie de grippe sévit sur Paris, le virus a décidé de passer par moi, et mon organisme fatigué lui a ouvert les bras. Sur les 48h suivantes, j’en passerai 30 à dormir, dans cet état comateux que provoque la fièvre. A peine capable d’aller de mon lit à la cuisine, m’imaginer courir 42km prend alors des allures de mauvaise blague ! Je suis atterrée, mais je décide de garder l’objectif du départ en tête, et je mixe toutes les formes de thérapies à ma disposition : médicaments, tisanes, jus de fruits, repos, séances d’énergie… Ce cocktail s’avère payant, puisque je tiens debout le jeudi, au moment de prendre l’avion – ce que je considère comme une grande victoire ! Le vendredi s’étire le long de la sinusoïde de mon humeur, qui alterne entre moments de confiance indestructible et d’épuisement désespéré. En essayant d’éliminer les toxines au hammam de l’hôtel, je pense à ces récits du marathon de New York 2012 et à l’ambivalence des sentiments des coureurs, partagés entre raison et déception. J’ai beau savoir que renoncer à une course fait aussi partie des expériences d’un apprenti-runner, ma tête ne se résout pas à accepter ce que mon corps lui demande.

Les jeux se font le samedi, au retrait des dossards. En sortant du métro Plaza de España, les affiches du sponsor  Asics qui  annoncent en 4*3 « Tomorrow, we Run ! » me prennent aux trippes, et la suggestion frappe mon inconscient avec toute la force dont sont capables les publicitaires. En entrant dans le grand hall du parc des expositions, je suis rattrapée par la réalité de l’évènement : c’est un marathon, je suis là… et j’en fais partie, tout comme ces mecs gaulés qui récupèrent leur dossard estampillé 3h30 ! C’est tellement énorme que j’ai envie de hurler, de me mettre à courir tout de suite, et d’arborer fièrement mon tee-shirt vert gazon si moche et si précieux… Fièvre ou pas, mes jambes sont prévenues : elles seront au départ !

IMG_3912 A partir de là, le mode « veille de course » est enclenché : je rentre à l’hôtel et prépare méticuleusement mes affaires (comment font les kényans pour courir avec un simple short et un débardeur, alors que j’empile 2 tonnes d’équipements ?), avant d’avaler un apéritif pour le moral (je me dis que mon corps n’en n’est plus à ça près…) et mon traditionnel bol de riz blanc (la pasta party n’est pas très compatible avec l’intolérance au gluten !).  Puis, je coupe le mode « pensées » de mon mental, pour m’endormir au plus tôt.

Le jour le plus long

6h20, je suis hors du lit avant même la fin de la sonnerie de mon réveil. Nous sommes le jour que j’attends depuis des mois, celui que j’ai espéré, redouté et imaginé maintes fois – et pourtant, c’est en observatrice que je me prépare, attentive mais totalement détachée de mes perceptions. Dans le métro, les tee-shirts verts se multiplient au fil des stations : certains, enfermés dans leur bulle, avalent méticuleusement un dernier gel énergétique, tandis que d’autres, entourés d’une caravane de supporters portant banderoles et sifflets, commentent un peu trop fort leur dernier « 42 ».

IMG_3923 Entre les 2 tours de la place d’Espagne, l’atmosphère est électrique : tenues colorées, odeurs de camphre, forêt de jambes en plein échauffement, commentaires nasillards dans les haut-parleur en catalan, français, anglais… ce tourbillon de sensations me ramène à l’instant présent, et en postant sur FaceBook ma photo-fétiche « Dossard + ongles » je réalise que le marathon c’est ici, et maintenant.  La trouille, l’envie, la fierté d’être là, tout me revient d’un coup, la tête me tourne, et je rejoins mon sas de départ, partagée entre un enthousiasme immense, et l’envie de faire demi-tour. Nous sommes près de 18000 au départ, la foule est compacte mais la course reste à taille humaine, et derrière les « pacers » de 4h30, je m’émerveille de la diversité des profils qui me côtoient : tous âges, toutes nationalités, toutes corpulences – il me semblait que courir un marathon était quelque chose d’exceptionnel, alors qu’ en fait, tout le monde court un marathon ! Mon égo est pincé un instant, mais très vite, c’est le sentiment d’être à ma place, au cœur d’une fête et d’un super moment de partage, qui reprend le dessus.

Alors que les élites s’élancent au loin devant nous, la concentration devient palpable. Le volume de la musique augmente aussi, et c’est portés par le rythme galvanisant d’ACDC que nous atteignons à notre tour la ligne de départ. Les encouragements et applaudissements des milliers de supporters levés tôt eux aussi,  la pluie de confettis dans le ciel bleu azur et la lumière incroyable de cette matinée catalane  sont un concentré d’énergie pure, jamais je n’ai vécu un début de course aussi puissant… Au signal du starter, les montres/GPS  et les jambes se mettent en route. Je connais bien la ville, et je sais que le parcours comporte des lignes droites interminables – dont les 3 premiers kilomètres sont un parfait exemple. La file des coureurs s’étend à perte de vue devant moi – et derrière aussi, heureusement pour mon moral.  Je démarre à petite allure – tant pour me ménager que parce que je n’ai pas vraiment le choix, car je n’ai aucune pèche. Moi qui commets généralement l’erreur de courir les 5 premiers kms trop vite, j’en suis préservée par mon souffle court et mes jambes en bêton.  Pour ne pas laisser la place à la pensée désagréable qui m’indique que j’aurais vraiment mieux fait d’écouter mon corps et de rester dormir, je me plonge dans l’observation des tee-shirts qui m’entourent : dans toutes les langues, les messages de soutien à des associations ou à des personnes expliquent la motivation des coureurs. Nous sommes nombreux à avoir associé ce pari un peu fou à une cause, et savoir que plusieurs personnes avaient soutenu ma collecte au profit de l’Institut Gustave Roussy (ce centre à la pointe de la recherche contre le cancer, où avait été hospitalisé mon papa) n’a pas été pour rien dans ma décision de prendre le départ… Je suis distraite un instant de mes pensées par le passage devant CampNou. Je n’avais encore jamais vu le stade emblématique du Barça, mais plus que le bâtiment, ce sont les ovations des spectateurs pour les coureurs en bleu et pourpre qui me surprennent : pour de nombreux catalans, la cause à soutenir, c’est le ballon rond !

Il n’est pas 10h mais la chaleur est déjà impressionnante, et les trottoirs ombragés des grandes avenues du nord de la ville sont bienvenus. Sans grande surprise, je mets près d’1h10 à boucler les dix premiers kms, soit 15min de plus qu’à mon habitude : impossible d’accélérer l’allure, mon corps est à son maximum et j’ai pourtant l’impression de faire du sur-place… J’avance malgré tout, au rythme de la playlist « sport » de mon iPod que je connais par cœur, tant elle accompagne systématiquement chaque kilomètre depuis des mois. Lush, Foo Fighters, Metallica, Nightwish, Rammstein, Evanescence ou David Bowie me portent, et mon esprit focalisé sur telle double grosse caisse, tel son de basse ou telle envolée vocale oublie quelques instants la course et la douleur.

Au km14, nous retrouvons le Paseig de Gracia, et la foule compacte qui borde cet axe majeur de Barcelone : d’habitude encombrée de voitures, l’avenue nous est ce matin réservée, et je profite de chaque foulée (en descente, qui plus est !) le long des formes torturées de la Pedrera. Plus loin, c’est la Sagrada Familia qui s’impose majestueusement dans le ciel bleu, et cette récompense visuelle me fait monter les larmes aux yeux… Cet intermède touristique prend hélas fin au km18, avec la première boucle du parcours : 2km aller et 2km retour le long de l’interminable avenue de la Méridiana. Une ligne droite sans charme dans un quartier résidentiel, aussi rude pour le moral que pour les jambes. Je prends le temps au ravitaillement du km20 pour faire le point : je suis partie depuis 2h20, mon allure est vraiment faible, je me fais violence à chaque foulée et je ne pense pas que la situation va s’améliorer… mais je décide de poursuivre. Je suis partie, et je ne peux tout simplement pas envisager de m’arrêter là, peu importe le temps que je mettrai, je franchirai la ligne d’arrivée ! Emplie de cette conviction, je remets la machine en route, en me concentrant sur la musique avec toute la force de mes capacités mentales pour mettre de côté la brûlure de mes plantes de pieds et la douleur naissante de mon genou.

Arrive alors la 2ème boucle en ligne droite, celle de l’avenue Diagonal que je connais bien car elle est déjà présente sur le semi-marathon. Faux plat, vent contraire, soleil « a tope », je sais ce qui m’attend pendant les 6km qui suivent, et que les coureurs que je croise en sens inverse ont, eux, déjà franchi. Incapable de maintenir un rythme constant, je décide d’alterner les phases de course et de marche rapide – et c’est lorsque je cède à cette tentation que la question explose dans ma tête : « Qu’est ce qui fait que l’on s’inflige ça ??? ». Aussitôt, une voix intérieure me reprend, car je sens que je ne dois pas laisser s’installer ce type de pensée. Je me demande alors quelle est la question qui va me porter à l’arrivée – et c’est en majuscules que s’impose celle qui sera mon mantra pour les 2h à venir : « D’OÙ ME VIENT CETTE FORCE QUI ME FAIT SUPPORTER ÇA ??? ».

Le pouvoir de la Force

IMG_3927 Au km32,  nous arrivons vers la mer qui scintille sous le soleil radieux, Poble Nou est en vue, j’ai fait les ¾ du parcours…  et c’est alors que commence la lutte véritable, celle qui oppose mon physique et mon mental, ma raison et ma folie. Mon corps ne peut tout simplement plus courir. Moi qui pensais qu’à mon allure, le « mur » serait moins violent… En arrivant au km33, je repense à tous les footings de ces derniers mois pendant lesquels j’ai pensé à ce moment. Avec le vent de face, le sel qui me coule dans les yeux et le corps tout entier douloureux, c’est 1000 fois pire que ce que j’imaginais. Et en même temps, c’est 1000 fois mieux : j’ai conscience d’atteindre, là, exactement ce que je recherche dans la course, cette nécessité d’aller puiser au fond de moi des ressources incroyables, une force au-delà même de ma volonté – et ce sentiment d’être tellement en vie me fait fondre en larmes au milieu de la route. J’éteins alors mon iPod, pour plonger complètement dans l’instant – et je resterai ainsi jusqu’à l’arrivée, avec mon mantra comme seule compagne musicale.

Je ne sais rien des 7km suivants : à peine quelques images fugaces le long du Paseig Maritim, mais surtout, ce  souvenir de ne vouloir laisser la place à aucune pensée, pour concentrer toute ma force sur les pas qui me rapprochent du but. Je fais bien sûr partie de la fin de la course : les bénévoles sont pressés de ranger, mais ils sont encore là à chaque ravitaillement, offrant les verres de Powerade bleu écoeurant et les mots d’encouragement en catalan qui permettent de tenir encore, et encore, et encore. Mon réveil intérieur sonne au km40, lorsque nous quittons le bord de l’eau pour emprunter l’avenue Parallel, qui mène à la Plaza de España – et à cette arrivée, si loin, si proche… 2km de faux plat qui n’en finissent pas, une portion infime de parcours qui pourtant dure une éternité. Les applaudissements sont incessants, mais je ne les entends pas. La douleur est partout, mais je ne la sens pas. Un pas après l’autre, je monte vers cette place et j’imagine la ligne que je vais franchir, je la passe, je pleure de l’avoir passée – et les encouragements redoublent. Bientôt, le brouhaha me parvient : malgré l’horaire tardif (plus de 5h depuis mon départ) la fête n’est pas finie ! Je voudrais accélérer, mais mon corps ne me permet rien de plus que ce pas mécanique qui est le mien depuis plusieurs kilomètres, alors je continue. Devant moi, un vieux monsieur avance en titubant : l’effort marque tellement ses traits que je ne peux lui donner d’âge. Quand nous passons devant le panneau du km41, une dame s’élance et le rejoint au milieu de la route : malgré sa jupe, ses sandales et son embonpoint, elle emboite le pas de celui qui doit être son mari, lui essuie le front et l’encourage pour qu’il aille au bout, avec une telle tendresse que, de nouveau, mes larmes coulent. Car un marathon, c’est un « trip » égoïste : même si on le fait seul, nos proches sont embarqués dans le rythme de la préparation et de la course, et ils nous « supportent » dans tous les sens du terme…

IMG_3940 Done L’arche est en vue. Au bout de cette ligne droite entre les 2 tours immenses de la place, au bout de ce trait bleu au sol que je ne quitte plus des yeux, au bout de moi-même.  J’ai décidé de passer l’arrivée en courant, alors malgré le refus de mon corps, je remets quelque chose en route et concentre toute mon énergie sur ce geste simple que j’ai fait des millions de fois, mais qui à ce moment-là prend une allure d’exploit. Lorsque je passe enfin sous le compteur salvateur,  les émotions qui me submergent se nomment bonheur,  soulagement, fierté, mais les mots sont tellement petits pour décrire ce que je ne peux contenir et qui sort en rire et en sanglots… Je prends la médaille, de l’eau, toute cette fin de parcours me ramène à des perceptions plus extérieures, et j’entends enfin les cris de Magalie et Arnaud. J’apprendrai plus tard qu’ils me suivaient depuis plusieurs centaines de mètres en hurlant. Je leur tombe dans les bras, et c’est dans leurs yeux que je comprends que c’est bien vrai.

J’ai couru mon premier Marathon.

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Hypnose - Communication - Running
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