Hypno-“No-Running” : faire le deuil d’une course ou d’un objectif

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C’est un thème que j’aborde souvent lors des ateliers Hypno-Running que j’anime : Comment gérer le deuil d’une course? Comment rebondir après un arrêt pour blessure, surtout lorsqu’il oblige à renoncer à un objectif que l’on se fixait depuis longtemps? 

Du sujet théorique à la pratique, il n’y a parfois qu’un tendon : le tibial postérieur, en l’occurence, dont l’inflammation ne me laissera pas courir dimanche mon 4ème marathon à Barcelone. Mais qui me permet de plonger au cœur d’un process émotionnel inhérent à la pratique sportive en général, et au Running en particulier : le dépassement de l’échec.

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Si proche…

J’ai parcouru le 30ème kilomètre du Maratest de Badalona en larmes. Joie et douleur mêlées après 2h45 de course, émotions au taquet en jetant les dernières forces vers la ligne d’arrivée, moment fort que j’accompagnais d’une pensée en boucle : “Dans 3 semaines, il n’en restera que 12“. Nous étions le 19 février, le marathon de Barcelone était là, tout proche : cette ultime longue course de préparation était l’occasion pour mon corps et ma tête d’enregistrer toutes les bonnes sensations qui me seraient utiles le jour J. Et l’énergie de ce Km30 était un cadeau précieux dont je captais chaque vibration, pour pouvoir la retrouver et m’en servir lors du 30ème km du marathon que j’imaginais déjà.

Si loin!
Oui, mais… 2 jours plus tard, après 10km de récupération à rythme tranquille en bord de mer, ma cheville a ressenti une gêne, sourde. Qui s’est transformée en douleur lors de la sortie suivante, et, malgré la glace et les anti-inflammatoires, m’a forcée à écourter la 3ème tentative, telle une alarme que je ne pouvais plus ignorer. Je quittais à ce moment là Barcelone pour un déplacement professionnel, et j’ai donc pris rendez-vous chez l’ostéopathe pour la semaine suivante, dès mon retour, avec consigne de repos entre-temps.
Pour la première fois depuis des années, je bouclais une valise qui ne contenait pas mes baskets – et c’est le poids de ce bagage trop vide qui m’a mise face à la réalité : le marathon s’éloignait.
Et parce que cette idée était vraiment compliquée à accepter, j’ai su qu’il me fallait la gérer. Mon vol pour Genève allait durer 1h30 : juste le temps d’une bonne séance d’auto-hypnose…

Faire taire les sirènes
Évidemment, rationnellement, je savais que renoncer était sage, que s’entêter risquerait d’aggraver cette lésion et qu’il ne s’agissait finalement que de reculer de quelques temps cette rencontre avec la distance reine.
Pourtant, le biais cognitif qui nous rend si myope face aux risques futurs et tend à guider nos décisions vers des satisfactions à plus court terme susurrait à mon oreille des sirènes tentatrices : “Tu sais parfaitement gérer la douleur, tu pourrais t’accorder cette course pour laquelle tu t’es tant entraînée, et t’occuper de ta cheville ensuite...”. Cette idée était beaucoup trop séduisante pour la laisser s’installer : si j’ai parfois eu recours à cette “négociation” avec mon corps pour continuer à courir quelques kilomètres, il s’agissait cette fois d’une distance bien différente.

Je ne serai pas au départ du Marathon de Barcelone cette année”…
Installée dans mon siège EasyJet, j’ai donc démarré ma séance d’exploration intérieure par une plongée dans le futur d’un hypothétique marathon couru : très vite, les images d’une Séverine boitillante sur les 2 derniers kilomètres de l’avenida Parallel se sont présentées, et pêle-mêle, les attèles, chevillères et autres anti-inflammatoires et repos forcé ce sont invités dans la représentation de l’après-course. Guidée par mes indicateurs internes, je cheminais le long des réponses aux questions que je me posais : oui je voulais courir, oui je voulais kiffer, non je n’allais pas kiffer dans ces conditions, oui je savais que j’allais le payer cher après, et … oui, je savais que courir un marathon avec une cheville enflée et douloureuse est une mauvaise idée.
J’ai donc laissé cette pensée prendre toute la place : “je ne serai pas au départ du Marathon de Barcelone cette année“, et j’ai exploré les sensations qu’elle provoquait. Ventre serré, envie de pleurer (d’ailleurs, peut-être ai-je réellement pleuré!)… tout cela me renvoyait à diverses émotions, qui se précisaient à mesure que je les accueillais :

– colère d’avoir passé tant de temps à m’entrainer “pour rien” (bien sûr que mon mental rationnel savait bien que que tous ces kilomètres allaient compter physiquement, mais l’émotion a ce moment là balayait ce bon sens réconfortant!),
– frustration de ne pas vivre ce moment incroyable du départ où seront présentes aussi de nombreuses personnes que je connais,
– déception de ne pas ressentir la fierté de l’avoir fait, d’avoir été au bout…

Blue Line BCNAutant d’émotions fortes liées à des illusions que je sentais accrochées à moi (et moi à elles:-), comme nouées par ce que mon imagination se représentait comme … un ruban bleu, très similaire à la ligne qui balise au sol le tracé des 42,195km!
Toujours à l’écoute de ce qui, à l’intérieur de moi, sait finalement très bien ce dont j’ai besoin pour peu que je lui prête mon attention, j’ai traversé mentalement le ruban bleu – les bras en l’air, comme le ferait le vainqueur d’une course.
Et le pilote a annoncé la descente de l’avion.

Cap à Valence
En ouvrant les yeux, ma première pensée a été pour le marathon de Valence en novembre prochain, auquel j’envisageais déjà de participer. J’ai alors su qu’un travail s’était fait, que dépasser le ruban m’avait permis, de cette manière aussi simple qu’incroyable, de mettre derrière moi l’idée de la course de Barcelone, et de tourner mon énergie vers une autre direction. J’ai laissé cette perspective s’affiner pendant les dernières minutes du vol, sachant que je tenais là mon prochain objectif…

J’ai rechaussé hier les baskets pour 5 petits kilomètres, comme cela m’avait été conseillé par l’ostéopathe dont les doigts et les aiguilles ont réellement fait un travail incroyable : les sensations ne sont pas encore au top côté cheville, mais l’envie, la motivation, ce plaisir incroyable que je sais prendre quand rien d’autre ne compte que de sentir chaque partie du corps vibrer au rythme de la respiration, pas après pas, tout cela m’est revenu intact. Dimanche, je ne sais pas encore de combien de kilomètres sera ma sortie : 8, 10, 12? Mais ce que je sais déjà, c’est que ce sera un sacré RunKiffDuJour!

 

 

 

 

 

 

About sevduhaulehung

Hypnose - Communication - Running
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