Conférence – Introduction To NLP
“An evening with Richard Bandler” : jeudi 14 avril 2011 / Londres
Après une expérience de modélisation particulièrement forte en praticien 2, avoir l’opportunité de rencontrer à la fois le modèle et ce personnage si particulier qu’est Richard Bandler était une chance que je ne pouvais que saisir.
J’ai donc assisté, le jeudi 14 avril, à la conférence : ” An evening with Richard Bandler : introduction to NLP” : un contenu présenté comme une sensibilisation, à base de démos, sorte de cabinet public auquel participaient autant des novices (comme mon voisin, dentiste, qui n’avait jamais vu d’hypnose) que des praticiens venus comme moi essentiellement pour voir Bandler “en vrai”. 3 heures menées tambour battant par ce show-man dont le corps, à l’évidence fatigué, contraste avec des yeux toujours perçants et pétillants – qui projettent des grains de folie aussi palpables que ses célèbres postillons…
Au-delà de ses idées (déjà connues et largement accessibles dans ses nombreux livres et vidéos), et de quelques démos simples (sous-modalités et ancrages peuvent tout faire rapidement, tel est son leitmotiv), ce que j’ai retenu de cette “soirée avec Richard” c’est une énergie, une passion, mais surtout l’illustration évidente de ce point perçu en prat 2 : pour pratiquer l’hypnose, la technique est certes indispensable, mais elle n’est rien sans la conviction profonde que la technique fonctionne. Grâce à sa technique, Richard Bandler peut nous amener à changer : il en est sûr, et ce qu’il communique au premier regard, c’est cette certitude. Et au-delà des 4 ou 5 personnes montées sur scène, ce sont les quelques 200 auditeurs présents qui ont pu recevoir ce message – dont voici ma synthèse personnelle.
Le fond : des idées fondamentales de la PNL, au travers de sa propre expérience
Richard Bandler parle – beaucoup. C’est un “story-teller”, sa conférence n’a -en apparence:-) – pas de structure précise, il avance au gré d’une succession d’histoires que l’on comprend très vite encastrées, contées sur le mode du vécu avec toute la verve bandlerienne…
- Le mathématicien découvre la thérapie à travers de la psychothérapie
Bandler raconte des histoires – mais surtout son histoire, son propre cheminement vers la PNL – et il développe ses idées a partir d’expériences personnelles.
Avec une ironie un peu (trop?) appuyée, il commence en expliquant sa découverte, et son rejet, de la psychothérapie : étudiant en mathématiques, il est amené à rencontrer et observer des psys, et confronter leur technique et les résultats obtenus. Il est choqué par le taux de réussite affiché : 30% des cas sont apparemment un succès, sans que les thérapeutes ne puissent comprendre pourquoi certains cas fonctionnent et d’autres pas, et sans moyen a priori d’identifier quels vont être les sujets réceptifs. Pour l’esprit scientifique de Bandler, une technique efficace doit fonctionner 100% du temps!
- Des rencontres décisives
Il raconte alors sa rencontre décisive avec Virginia Satir, réputée à l’époque pour réussir à traiter les cas considérés comme désespérés : elle lui apprend cette idée essentielle dans ses travaux : “brain is designed to make one thing : Learning“.
Cela renforce son doute vis-à-vis de la croyance des psys selon laquelle une thérapie doit être longue et douloureuse : si on prétend, en effet, qu’une personne peut voir sa vie complètement chamboulée en quelques instants lors d’un trauma parce que son cerveau aura appris en un temps très court a réagir et créer de nouveaux comportements pour faire face a ce trauma, alors pourquoi faudrait-il à l’inverse un temps très long au cerveau pour apprendre d’autres comportements, plus positifs?? Sa logique lui impose que si le cerveau peut apprendre vite dans un sens, alors il peut forcement le faire aussi dans l’autre.
Son approche de l’hypnose date bien sur de sa rencontre avec Milton Erickson : lorsqu’il se met a parler de Milton Erickson, et de son génie, Bandler s’anime, ses yeux brillent encore plus, on sent a quel point il a pu l’admirer. Pour lui, Milton Erickson avait cette folie et ce génie de tout oser, de tout tenter – et c’est pour cela qu’il avait autant de réussite! C’est un point sur lequel il est revenu plusieurs fois pendant le séminaire : “If you don’t try stuff, you don’t see what happens“! Et quand Bandler explique que lui-même a essaye beaucoup de choses, ce qui passe dans ses yeux a ce moment la fait qu’on le croit aisément…
- Un premier sujet d’études : les phobies
Il a mené son premier grand projet personnel sur le thème des Phobies, qui le fascinait : il raconte qu’il était toujours surpris de voir à quel point une chose pouvait faire tellement peur que le sentiment de peur était aussi intense, que la chose soit la ou pas. Il était fasciné à l’idée qu’un phobique de l’océan puisse être aussi terrifié dans un bureau à parler de l’océan qu’au bord d’une plage. Ce constat qu’une peur n’est pas provoquée par un objet, mais par l’idée de cet objet, le convainc que ce sont les mécanismes du cerveau qui sont à l’origine des phobies et qu’il peut alors utiliser ces mêmes mécanismes pour les faire disparaitre.
Il réalise aussi pendant ces travaux que les patients qu’il voit ont jusque la été traites par des thérapeutes qui cherchaient les causes de la phobie, et donc les faisaient parler de toutes les fois ou ils avaient été confrontes a l’objet de leur phobie, le contexte, l’expérience en détails etc…. Et il mesure combien cette répétition d’expériences a en fait ancré beaucoup plus profondément la phobie!
Il conclut cette partie avec l’idée suivante : quand on reproduit encore et encore une situation désagréable, elle empire –> d’où l’idée que “the good thing with the past : is that it’s over!” – ressasser ne résoud rien – laissons dans le passé ce qui y est, et regardons plutôt vers l’avenir.
- La valeur de 7000 heures…
Pour illustrer l’idée suivante, il commence par demander dans la salle des volontaires qui ont une idée en tète tellement désagréable qu’ils sont surs a 100% qu’a chaque fois qu’ils y pensent, ca les rend mal. 2 femmes montent sur scène : sans leur demander de quoi il s’agit, il leur demande combien de fois par jour elles pensent a ce souvenir désagréable, et si a chaque fois ca les rend mal. L’une d’elle dit que ca la hante à chaque fois qu’elle n’a rien d’autre pour s’occuper l’esprit, donc elle estime ca a 2h/jour minimum…
La réaction de Bandler à cette annonce est aussi théâtrale qu’efficace : il se lance à toute vitesse dans les calculs, demande l’aide de la salle, pour annoncer a la dame qu’elle va donc passer plus de 700h par ans et donc plus de 7000 heures dans ses 10 prochaines années a penser a une chose qui la fait se sentir mal!! Il la provoque : “vous avez donc PREVU” de vous sentir mal pendant 7000h a venir?” Bien sur elle dit qu’elle ne l’a pas planifié, mais Bandler explique que la routine qui s’installe dans le cerveau est aussi efficace qu’une bonne planification! Ces +de 7000 heures sont martelées jusqu’a ce que l’absurdité de la situation lui devienne insupportable : elle est “mure” pour le changement:-)
Bandler enchaine alors sur une démo classique de sous-modalités : il leur demande comment est l’image du souvenir désagréable, il en réduit la taille, passe l’image en N&b, met un peu de flou… Puis, d’un mouvement de main, il demande à la régie d’envoyer de la musique – et c’est une musique de cirque qui retentit dans la salle, pendant que les dames dans une transe très légère sont priées de faire défiler la scène qui les angoisse.
Ensuite, il leur demande de repenser à la situation désagréable : la première ne parvient pas à se sentir mal car elle a la musique de cirque dans la tète, la seconde est plus sceptique mais elle dit “i think i could feel bad but i don’t want to” – forcement, Richard Bandler rebondit en disant que c’est déjà une excellente première étape! Puis il enfonce le clou en lui demandant d’imaginer ce qu’elle va faire de ces 7000heures qu’elle vient de gagner : elle imagine des bons moments, et hop il ancre les bons moments…
Deux idées ressortent de cette démonstration :
- tout d’abord, celle que la valeur de chaque instant est importante – si on valorise chaque instant de vie, et si on se rend compte à quel point chaque moment est précieux, alors on ne peut pas accepter de perdre 7000 heures de sa vie a se sentir mal. La force de vie qu’il communique en développant cette idée est très touchante, on sent vraiment que lui-même a vécu des trucs qui l’amènent à vouloir profiter de chaque instant.- et aussi, sur un plan plus technique, l’idée que le fait de reproduire autant de fois une situation désagréable est due au fait que l’on fait le choix de ce qui est familier : se sentir mal finit par être confortable car au moins on connait, on sait comment ca se passe… La routine créée par le cerveau est comme un refuge vers lequel on choisit d’aller. Les gens qui ont un problème récurrent ont crée une routine : problème –> réaction, et cette boucle est si familière qu’elle est répétée machinalement par confort, car la briser supposerait de choisir de faire un effort.
- What NLP is about… Ainsi, il enchaine sur l’importance de la notion de CHOIX : on peut choisir de changer, d’aller bien car on a en les moyens et les ressources. Ce qui lui permet de revenir sur l’intérêt de la PNL: “NLP is programming your brain to make it do what YOU WANT to do“
Suit l’explication sur l’attraction que constitue le bien : aller bien attire le bien (sourire,…), et au contraire un état dépressif se renforce de lui-même- il s’enflamme lorsqu’il indique que le but ne devrait pas être d’aller bien (= to be ok) mais mieux que ca, car “ok is not good enough!!!”
Une application importante de l’hypnose est donc de pouvoir apprendre aux gens à prendre des décisions qui sont bonnes pour eux : pour cela, il parle sans le nommer du « dialogue intérieur », en invitant toute la salle à se remémorer une décision bonne et une décision mauvaise, de s’en souvenir plusieurs fois successivement et d’identifier si la voix qui caractérise la décision (bonne ou mauvaise) vient du même côté, si elle a la même tonalité, etc. Ainsi, il explique l’on dispose tous d’un outil capable de monitorer la pertinence de nos choix !
Pour illustrer l’importance de cette voix intérieure, il appelle sur scène une fille qui lui a confié à la pause avoir peur de parler en public : avant qu’elle monte, il lui demande dans quel sens tourne sa panique, de la ralentir, d’inverser la rotation, et de venir sur scène en faisant encore tourner sa sensation, tout en se répétant d’une voix forte et convaincue : « Their ass is mine ! » (je ne traduirai pas 🙂 – puis, il l’assoit dos au public et d’un geste de main, lance en régie un énorme cor de chasse qui retentit dans la salle, en lui hurlant de se répéter : « Their ass is mine !! ».
Bien sûr, la demoiselle se retourne face au public, et parle très naturellement de sa vie, toute trace de panique envolée (et Bandler explique que ce premier succès aura pour effet de la rassurer, et de créer la confiance pour une prochaine expérience…)
Il rebondit sur un autre élément que l’on peut monitorer assez facilement chez quelqu’un : le mouvement des yeux – ici, il explique rapidement la position des yeux en mode « remémoré » vs en mode «création d’image », et nous raconte que pour établir ce modèle, il a mené une étude avec +300 étudiants en leur posant des questions très simples.
Il illustre ensuite le cercle vertueux de la Pnl en reprenant l’exemple des phobies : pour lui, vaincre ce qui a été notre pire peur dans la vie est un levier très puissant, car quand on a réussi ca on peut faire tellement d’autres choses après…
Il revient enfin sur la caractéristique de la Pnl d’être une thérapie brève, rapide : le cerveau apprend vite, donc on peut changer vite – donc on n’a pas besoin de partir sur des process de thérapie de plusieurs années!
–> Des éléments simples, sans termes techniques, qui n’ont même pas l’air d’une conférence : tout l’art de Bandler est là, de convaincre de la puissance de sa technique sans avoir l’air d’en parler ni de pratiquer autre chose que du bon sens…
- Au-delà de la Conférence…
La conclusion est toutefois plus « hypnotique » : il nous demande de fermer les yeux, et pendant quelques minutes dont je n’ai pas retenu tout le contenu J, il nous explique que derrière son discours il y a avait certainement des suggestions qui vont également nous être profitables, nous amener à changer des choses dans nos vies… Let’s see…
La forme : le grand message de Richard Bandler
La réputation de Richard Bandler est due tout autant à son art de la forme qu’à son génie du fond : comme beaucoup d’autres personnes dans la salle, je n’apprends (au sens strict du terme) rien pendant la conférence : lectures et surtout formations m’ont permis d’aborder maintes fois tous ces sujets.
Si nous sommes là, c’est que nous attendons de la conférence autre chose que du contenu : nous sommes venus voir, écouter, ressentir Richard Bandler – un style particulier qui enthousiasme ou agace, mais ne semble laisser personne indifférent dans la salle!
Pour ma part, j’ai été scotchée d’une part par sa capacité à tenir un public, certes pour partie conquis, et d’autre part par la simplicité de ses démonstrations (verbales ou live) : en conférence, Bandler laisse tomber le « more is not enough »… Pour autant, simplicité ne veut pas dire sobriété ! Difficile en effet de savoir quelle part de folie est réelle, feinte ou fabriquée pour « coller » au personnage : il est « bandlerien » et on sent son discours rodé – mais ça fonctionne, aucun doute là-dessus.
- Etre convaincu pour être convaincant
La grosse leçon de la soirée a été pour moi de comprendre l’importance de la posture. Dès les premières minutes, le cadre est posé : un flash crépite alors que Richard Bandler fait l’intro de la conférence : il s’arrête de parler, tourne lentement la tête vers la photographe, la fixe, revient vers l’audience et dit qu’il ne veut pas de photos avec flash quand il parle car ça le perturbe – et là il revient d’un coup vers la photographe, pointe son doigt vers elle : « You wouldn’t like to piss off The Hypnotist, would you ? » – vu le ton de voix, non, on ne voudrait surtout pas…
Cette phrase, qu’il prononcera d’ailleurs 3 ou 4 fois avec un demi-sourire et un demi regard fou, est importante car il EST The Hypnotist, et à partir de là, toute personne qui monte sur scène ou qui se livre à une expérience avec lui même du fond de la salle est forcément hypnotisée. Richard Bandler sait qu’il sait faire, et cela se voit, se ressent : il transpire la conviction, et à partir de là, la moitié du chemin est fait. La même conférence déroulée par quelqu’un de peu convaincu aurait eu très peu de chances de rallier quiconque à l’hypnose, car le propos était peu structuré et les démos pas vraiment extraordinaires (celles du cabinet public de l’Arche sont souvent plus intenses). Mais encore une fois, si l’on a acheté, c’est parce que Richard Bandler a vendu : je l’ai appris en formation, effleuré la compréhension en prat 2, mais ce séminaire m’a permis de le comprendre (je trouve que l’anglais « to experience » exprime mieux ce que je veux dire »).
- Parler avec les yeux et avec le corps, autant qu’avec toutes les modalités de la voix
La scène de la salle du Conference Center est très sobre, une simple estrade avec 2 chaises. Richard Bandler n’a pas besoin de plus : il occupe tout l’espace par sa présence, sa gestuelle, ses déplacements. Il capte l’attention à chaque instant et joue avec tous les éléments à sa disposition :
- il utilise tout l’espace sur la scène, avançant parfois jusqu’à rebord de l’estrade vers le public pour s’approcher de nous au plus prêt et pointer une personne du doigt, il s’assoit, se lève, tourne autour d’une chaise, etc…
- il fait beaucoup de gestes, et comme il porte de grosses bagues voyantes ses mains attirent forcément l’œil : il utilise notamment beaucoup ses mains pour nous faire visualiser des choses (« imagine things here or there »…)
- les yeux de Richard Bandler en disent long ! lorsqu’il dit quelque chose, il le dit avec ses yeux autant qu’avec ses mots – parfois même ses yeux, très perçants, parlent alors même qu’il ne prononce aucun mot… Je suis juste en face de lui dans la salle, et comme probablement chaque autre participant, j’ai l’impression qu’il ne fait la conférence que pour moi
- Tous ces éléments ajoutent à la portée de son discours, déjà tellement efficace : il ne fait pas une conférence, il raconte une histoire ! il joue avec tout le registre de sa voix, aigu, grave, fait des imitations, accélère, parfois va même jusqu’à hurler ! Il ne laisse jamais retomber l’attention.
- Il utilise énormément d’exemples réels, parlent de personnalités connues (il parle de ses clients, Ozzy Ozbourne ou Keith Richards J) ce qui rend très concret tout ce qu’il explique
- Il ajoute des effets : la musique retentit dans la salle lorsqu’il fait un signe à la régie (musique de cirque ou cor de chasse pour travailler avec les sous-modalités)…
- Il parle beaucoup, ce qui donne encore plus de forces aux silences lorsqu’il y en a !
- Le plus rapide, le plus efficace…
Dernier élément qui m’a marquée pendant cette conférence, c’est la constante recherche de simplicité et d’efficacité. Même si l’on est dans un show et que cela doit aller vite, on sent que Bandler cherche surtout à épurer : le maximum d’effet pour le minimum d’efforts. - Et la technique ??
Même si je comprends bien l’anglais, je ne suis pas bilingue et garder le fil de ce qui était dit monopolisait toute mon attention – je n’ai donc pas pu prêter attention également au contenu dans son détail pour identifier toutes les techniques de suggestions utilisées (je n’ai pas enregistré la séance, hélas). Je sais qu’il a beaucoup utilisé le saupoudrage car il appuyait beaucoup sur les mots et les syllabes, j’ai noté au cours de la conférence plusieurs suggestions indirectes (saupoudrage, négation, double lien…) mais il y en a sûrement eu beaucoup que je n’ai pas entendu !!!!!!
A l’occasion d’une autre conférence, peut-être, (en France, si l’on peut l’espérer !!), aurai-je l’occasion de me concentrer plus sur tout cela…